Mars 2025

Après un début d’année sur les chapeaux de roue, le mois de mars marque clairement le pas avec un marché actions européen (Stoxx 600 -3,8 %) qui signe sa plus forte baisse depuis septembre 2022 et un marché américain (S&P 500 -9,3 %) qui chute encore plus et le Nasdaq (-11,7 %) qui entre même en correction.

Au-delà des trains de licenciements dans les agences fédérales américaines et des dépenses de fonctionnement gelées qui s’avèrent bien réelles et freinent donc l’activité économique au sens large, les investisseurs se sont de plus en plus inquiétés de la décision finale de Trump sur les droits de douane qui était attendue le 2 avril. Les dernières données publiées sur l’inflation aux Etats-Unis ne sont, elles aussi, pas particulièrement rassurantes et la tendance très claire à la baisse que nous avions connue depuis 2022 semble maintenant quelque peu s’essouffler. La dernière publication des indicateurs d’activité manufacturière fait aussi état d’un ralentissement, accentué par l’incertitude liée à la politique erratique du gouvernement Trump. La boucle est bouclée. Il est désormais clair que le feu d’artifice permanent auquel nous sommes soumis depuis plus de deux mois doit cesser le plus vite possible. Le marché européen ne peut pas lui non plus vraiment résister si nos voisins d’outre-Atlantique sombrent dans la récession.

Dans son fameux livre The Art of the Deal de 1987, un certain Donald Trump, qui n’était alors qu’un promoteur immobilier New-Yorkais, éclairait ses lecteurs sur les secrets de sa méthode :  Je garde mes options ouvertes le plus longtemps possible. Mais ce qui fonctionne à petite échelle peut s’avérer nocif quand on tient la barre d’un pays aussi gigantesque que les Etats-Unis et qu’on a la charge de son économie. Les investisseurs et les consommateurs ont aujourd’hui besoin de visibilité, d’absence de surprise et de changements de pied continus. Espérons qu’ils seront entendus.

Côté européen, les plans de relance par l’armement, aussi bien allemands qu’en provenance de la Commission, sont désormais en bonne voie. Ils contribueront probablement à amortir le choc des droits de douane automobiles qui impacteront fortement les constructeurs et équipementiers allemands. Mais suffiront-ils à relancer la croissance outre-Rhin et à compenser les turbulences américaines ? Il est trop tôt pour le dire. Les négociations en Ukraine s’avèrent, quant à elles, très lentes mais la situation du conflit semble au moins ne pas se détériorer.

Le meilleur symbole du changement d’ambiance auquel nous assistons est indiscutablement le cours de l’action Tesla. Après avoir doublé fin 2024 pour saluer le pari politique osé et gagnant de Musk, il a chuté de moitié depuis le début de l’année. Les automobilistes européens en particulier ont curieusement l’air de réagir aux insultes de JD Vance en snobant les concessionnaires Tesla. Nous resterons donc à l’écart de ce titre qui est peut-être le meilleur exemple de ce qu’on appelle le risque d’homme-clé. L’implication de Musk dans la politique fédérale, quoiqu’on pense par ailleurs de son bien-fondé, est incompatible avec le rôle qu’il joue dans la société et la rend ininvestissable de notre point de vue. Nous nous astreignons à ce genre de discipline dans le but d’éviter à nos investisseurs des pertes en capital irréparables.          

La plupart des fonds Clartan ont cédé du terrain en mars. Valeurs baisse de -3,7 %, Europe de -3,4 % et Ethos de -4,3 %. Les fonds défensifs résistent mieux avec Flexible qui abandonne -1,8 %, Patrimoine -0,6 % et Multimanagers 0 %.